Parents, dites STOP au dictat de la perfection

C’est un sujet qui est (très) brûlant pour moi, sur lequel j’avais fait une web-conférence. Le dictat de la perfection

De quoi s’agit-il ?

En tant que parent, vous prenez une direction familiale très personnelle, induite par votre enfant et guidée par un amour incommensurable. Vous vous apprêtez à suivre votre coeur, vous êtes en accord avec vous-même… Et tout à coup, vous vous retrouvez pris en étau entre tout ceux qui pensent que vous ne devriez “pas faire ainsi” car ce n’est pas bien, mais aussi tout ceux qui pensent à l’inverse que vous devriez aller plus loin car ce n’est pas assez bien.

C’est un comble. On est d’accord.

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Si comme moi vous êtes “multi-différent”, vous aurez d’ailleurs constaté que ce phénomène se produit absolument sur tout les plans, dans tous les domaines, traditionnels comme hors-normes. Personnellement, je suis bizaroïde pour les gens classiques (je ne fais rien comme tout le monde), je ne suis jamais assez vegan chez les vegans (je donne du soutient aux couples végé/omni), jamais assez écolo chez les écolos (j’ai un iphone), jamais assez cru chez les crudivores (j’utilise des épices cuites), jamais assez non-violente chez les parents bienveillant (parfois je me mets en colère), jamais assez spirituelle chez les spirituels (je n’ai pas de dons de médiumnité)… Bref, aucun n’y échappe. C’est un phénomène humain.

Que cela provienne d’un gentil conseil ou d’une remarque méprisante, cela ne part pas d’une mauvaise intention : les gens veulent votre bien, celui de votre enfant (et celui de toute la planète), et ils projettent leur conception de ce qui est bien.

Le problème c’est la pression que cela induit. Le résultat est que, tiraillé entre ce qu’on nous dit de faire “parce que c’est bien”, nos envies personnelles et ce qu’on nous dit de faire “parce que c’est encore mieux”, on se sent perdu. On se mets la barre très haut, et pris dans l’élan de toujours s’améliorer, il y a le risque que nous ne nous trouvions jamais assez bien. Il n’y a pas de limites à ce que j’ai pû, personnellement, m’infliger à moi-même pour être toujours plus cohérente, plus en accord avec mes idéaux. C’est particulièrement fort lorsqu’on est parent et qu’on cherche à se dépasser par amour pour son enfant.

Je ne vous dit pas ça au hasard. Je vous le dit parce qu’à mon échelle ça a été très douloureux : plus de 15.000 personnes suivent et commentent mes publications. 15.000 personnes uniques, merveilleuses, engagées, chacune avec son bagage, son idéal et sa sensibilité propre… Chacune venant me dire comment, selon elle, je pourrais faire mieux, selon ce qu’elle a elle-même réussi à mettre en place dans sa propre vie sur un plan donné. Je n’ai cessé, les premières années, d’essayer de suivre tous ces conseils, de chercher à m’améliorer sans fin… au point de me sentir jamais “assez bien” et d’y perdre mon essence.

Évidemment, il est bon de savoir se remettre en question en fonction de ce qu’on nous apporte. Le doute est un peu notre garde fou, et surtout, nous adorons évoluer et aller de l’avant… Encore plus lorsque c’est pour la chair de sa chair.

Mais il s’agit ici de savoir aussi dire STOP.

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De savoir qui on est et où on va, d’avoir sa propre personnalité, de respecter son rythme personnel d’évolution, et de ne pas se laisser déstabiliser. Ce n’est pas parce que nous ne faisons pas comme les autres que nos choix n’ont pas de sens. Et ce n’est pas parce que nous ne sommes pas au bout du bout de nos idéaux que nous ne vallons rien. Nous sommes humains, nous avons notre histoire, nos problèmes, nos forces et faiblesses, nos proches tous aussi uniques… Le tout crée une symbiose magique dans notre vie.

Je me suis longtemps mise la pression dans de nombreux domaines, dont l’éducation… Et je m’y suis à chaque fois cassée royalement la figure. Loin des théories, la vie réelle et mes enfants m’ont systématiquement remis à ma place. Ça m’aura donné deux bonnes leçons :

  1. M’accepter comme je suis là où j’en suis.
  2. Arrêter de donner des conseils aux gens. Surtout s’ils ne l’ont pas demandé. Car le problème, quand on se mets trop de pression, c’est que sans s’en rendre compte on l’inflige également aux autres. J’ai souvent dit aux autres ce qu’ils devraient ou pourraient faire… Finalement, c’est une grande leçon d’humilité et de tolérance. S’accepter comme on est et accepter les autres comme ils sont.

A présent, je réagis par l’humour face aux remarques… Ou je laisse parler, en leur disant avec un sourire que je comprends leur point de vue. Je réponds aux questions mais je ne cherche plus à me justifier, ni à débattre et encore moins à convaincre. Est-ce qu’il n’y a pas plus important dans le monde ? La tolérance de la différence est la plus grande des forces, elle coupe les guerres à leur source.

Nous avons le droit à nos problèmes physiques qui font que nous n’avons pas pu accoucher dans l’eau ou allaiter ; nous avons le droit à notre fatigue, qui ne devrait pas nous faire détester notre maison toujours en bazar et notre lot de couches lavables mit de côté alors que nous aurions tant aimé les utiliser ; nous avons le droit à notre besoin de solitude qui nous fait céder aux dessins animés ; à nos peurs qui nous font passer de “pourvu que mon fils mange super-sain” à “pourvu qu’il mange quelque chose”, nous avons le droit à nos colères et nos tristesses, qui ne devraient pas nous faire sentir si coupables de simplement “être”.

Au travers de l’éducation, c’est en écoutant notre enfant que nous parvenons à lâcher prise. Sur tant de choses… Un idéal, aussi beau soit-il, ne devrait pas être un but en soi mais un fil directeur nous guidant dans la direction que nous voulons donner à notre vie. La vraie vie est loin des théories. En découvrant la personnalité unique de notre enfant, nous découvrons que nous sommes nous-même unique, au delà des idéaux, au delà de l’éducation que nous ont donné nos parents. Nous sommes ce que nous sommes, parfaits dans nos imperfections. Et pour notre enfant, cette unicité assumée est la plus grande des richesses. Car elle lui apprend à s’aimer lui-même tel qu’il est, à accepter ses peines, ses frustrations, ses colères et ses faux pas, ses différences comme faisant partie de la beauté de la vie, comme étant des perles de sagesse à apprivoiser petit à petit afin de s’en servir pour grandir. Cela l’invite au respect de la différence de l’autre, guidant la planète entière vers plus de tolérance et donc de paix.

Si chacun faisait quelques pas bien assumés vers ses idéaux, ce serait plus bénéfique pour l’humanité que si une seule personne les vivait entièrement. Parce qu’un petit pas est plus facile à faire et moins intimidant qu’une perfection, il semble plus accessible aux autres et a alors une influence plus grande.

Sur ce site, vous ne trouverez ni extrémisme, ni parti prit. On témoigne, on vous parle de ce qu’on vit, on vous partage nos activités, nos choix, nos joies et nos jeux, sans penser faire mieux que quiconque, sans chercher à vous convaincre ou à alimenter les débats.

La seule chose qui importe, c’est l’épanouissement de votre enfant au sein de votre foyer à vous.

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Ce n’est donc pas un conseil mais un cri du coeur que je vous partage aujourd’hui, que vous ne pousserez, vous aussi, que s’il vous libère : aimez-vous comme vous êtes, dites STOP au dictat de la perfection !

Ou plutôt, voyez toute la perfection de vos imperfections

;-D

Merci de m’avoir lue,
Marion Eberschweiler

Article connexe : Mère au foyer, mon guide de survie

5 réflexions sur « Parents, dites STOP au dictat de la perfection »

  1. Ingrid

    Alleluia !!
    Il tombe à pic à un point ton article !! C’est de la télépathie !!
    Hier, j’ai craqué. Marre marre marre des “il faut”. Sensation de ne jamais faire comme il faut. Marre des conseils de soit des gens qui ne sont pas à ma place, soit de personnes qui lorsqu’elles l’ont été de manière similaire (avoir un enfant à s’occuper, mais pas de ma puce !) n’ont très certainement pas réussi à appliquer leurs propres conseils !
    Pour moi, ces “conseils” servent juste à mettre mal à l’aise l’autre. Puisqu’il fait pas comme il faut, c’est donc forcément mal. Transmission d’idéaux inapplicables… Frustration de ne pas y être arrivé, mais bon, on transmet quand même hein…
    Je sais qu’il faut que je passe outre tout cela. Mais ce n’est pas facile quand on est fatigué, à bout et que l’on a besoin de soutien, au lieu de ces “conseils”.
    Je me surprend à utiliser aussi le mot “faut” et j’essaye d’arrêter de l’utiliser. Je me suis rendue compte que mes “conseils” utilisent ce verbe. Bref, j’en ai déduis une fois de plus que les conseils ne sont pas forcément les bienvenus, surtout s’ils ne sont pas demandés !
    En tout cas, ça fait du bien d’en parler de cette overdose ! Et de lâcher tout ça. Peut-être pas de se satisfaire de nos imperfections, mais arrêter de se mettre la barre trop haut. Juste faire de notre mieux, même si ce n’est pas parfait. Et surtout s’écouter. Faire ce qui nous semble juste. Etre indulgent avec nous-même et célébrer les petites victoires/réussites !
    Avant hier, je chantais en lavant les carreaux ! Oui oui !! ^^ Je ne les lave jamais, bah là, j’étais contente de prendre le temps de le faire. 🙂 J’adore l’auto-satisfaction. Autant se donner de la gratification pour ce que l’on fait, plutôt que de l’attendre des autres. 😀
    Et puis respirer et profiter de tous les petits moments de la Vie. 🙂
    Voilà mes petits partages !
    Bisous bisous

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    1. Marion Eberschweiler Auteur de l’article

      Merci Ingrid, heureuse que cet article ai pu te faire du bien ! Chaque enfant est tellement différent, et chaque parent aussi, les conseils sont rarement transposables d’une vie de famille à l’autre. Et on se mets déjà la barre si haut à nous toutes seules…! Je t’envoie plein d’amour pour traverser tout ça <3

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  2. Martine

    Bonjour,

    Je suis 100% d’accord avec vous. Arrêter de se mettre la pression … c’est absolument vital de se libérer de cela. Chaque individu sur cette planète est différent de l’autre, on ne peut pas appliquer chez nous ce qui convient à un autre. Cela peut marcher ou non. Juste se le dire, sans se prendre la tête. Si on a choisit d’instruire nos enfants à la maison ce n’est pas pour retomber dans d’autres schémas, d’autres dictas. Observons nos enfants et agissons en fonction. Il est mieux de les mettre au centre de toutes nos réflexions. Mais bien sûr cela fait toujours du bien de savoir comment les autres fonctionnent. Bon courage à nous !

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